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Récipiendaire du prestigieux Golden Frog pour Late Shift, la directrice de la photographie Judith Kaufmann a livré un discours d’une pertinence tranchante lors de Camerimage 2025. Après avoir rendu un hommage émouvant aux soignantes, elle a transformé sa reconnaissance en une puissante interpellation. Kaufmann dénonce l’inégalité des chances qui, seule, restreint l’étendue du talent féminin dans l’art de la cinématographie.

« Bonsoir.

Je suis sincèrement navrée de ne pouvoir être présente pour recevoir ce prix en personne.

J’ai terminé le tournage d’un film il y a seulement deux jours et suis passée directement à l’étalonnage du prochain film de Petra Volpe.

Être honorée pour quelque chose qui revêt une si grande importance à mes yeux représente le plus précieux des cadeaux.

Avec ce film, nous souhaitions rendre hommage à toutes les personnes soignantes, majoritairement des femmes, qui accomplissent ce travail indispensable chaque jour, partout dans le monde.

Je tiens à remercier Petra Volpe, la réalisatrice et scénariste, pour sa sagesse, pour sa chaleur et pour sa perspective toujours analytique. J’ai énormément appris à ses côtés.

Ma gratitude la plus profonde s’adresse également à Leonie Benesch, pour son dévouement, sa précision et sa présence captivante.

Je suis consciente des discussions intenses autour de Camerimage, du mécontentement suscité par le fait que si peu de directrices de la photographie y aient été représentées au fil des ans, et pas seulement en compétition.

Le talent n’a jamais été restreint par le genre ; seule l’opportunité l’a été.

J’accepte cette récompense avec une profonde reconnaissance, mais aussi avec l’espoir qu’il deviendra anodin que des femmes soient présentes ici.

Mon travail n’est qu’une voix parmi tant d’autres. D’innombrables femmes, émergentes, en milieu de carrière ou longtemps ignorées, dont les visions ont transformé et continuent de transformer cette forme d’art de manière extraordinaire.

Je désire encourager tout particulièrement les jeunes directrices de la photographie à avancer avec curiosité, le regard ouvert, à continuer de se battre pour notre visibilité, mais aussi à se faire confiance.

C’est véritablement le plus beau métier qui existe.

Merci. »